12/01/2024 Louvain – L’entretien ci-dessous avec le père Gabriel Romanelli, le curé de Gaza, a été enregistré le 24 octobre 2023, quelques semaines après le début des bombardements. La situation à Gaza s’est aujourd’hui bien aggravée, avec beaucoup plus de morts et de blessés, comme le montrent clairement les événements actuels.
Les chrétiens traversent également des moments difficiles dans les territoires occupés de Cisjordanie. Le 30 décembre 2023, Uma Wijnants, directrice de l’Aide à l’Église en Détresse Belgique/Luxembourg, a reçu un appel à l’aide d’une famille de Bethléem demandant un soutien, tant spirituel que financier.
Aide à l’Église en Détresse suit de près ce qui se passe en Terre Sainte et dans le conflit entre Israël et le Hamas. L’église de la Sainte-Famille, la seule paroisse catholique de toute la bande de Gaza, est devenue le refuge de nombreux chrétiens qui fuient les bombardements, en particulier depuis l’attaque lancée contre l’église orthodoxe voisine, qui a forcé plus de 200 chrétiens supplémentaires à s’abriter dans le couvent catholique.
Le père Gabriel Romanelli est le curé de cette église depuis 4 ans. Le terrible déclenchement du conflit l’a pris par surprise alors qu’il était à Bethléem. Maintenant, il est à Jérusalem et de là, il fait ce qu’il peut pour aider sa communauté. Aide à l’Église en Détresse s’est entretenue avec lui le mardi 24 octobre pour savoir comment il vivait la situation.
Quelle est la situation dans la bande de Gaza ?
Elle reste critique car les bombardements se poursuivent nuit et jour, faisant des morts et des blessés. Dans la bande de Gaza, il y a plus de 5.000 morts et 15.000 blessées, et environ 1.500 personnes se trouvent sous les décombres, dont quelque 800 enfants. Chaque personne tuée, blessée ou enlevée représente une immense injustice et cause une grande douleur. Vous pouvez vous imaginer la situation des gens qui ne voient aucune amélioration à l’horizon.
Et comment la communauté chrétienne de Gaza vit-elle ces moments ?
La situation de la paroisse de la Sainte Famille à Gaza, dont la pastorale a été confiée aux bons soins de l’Institut du Verbe incarné, est globalement bonne, bien qu’à la suite d’un bombardement de l’Église orthodoxe grecque, 18 personnes aient été tuées, les chrétiens qui séjournaient dans l’Église orthodoxe et toute la communauté chrétienne ayant été touchés.
Sur les 2.300.000 habitants de Gaza, nous ne sommes que 1.000 chrétiens et nous sommes tous amis. Nous nous connaissons, nous travaillons tous ensemble, nous sommes membres de groupes paroissiaux. Il s’agit de cousins, de parents ou de frères et soeurs. La communauté de Gaza a été durement touchée et plus de 700 de ses membres, avec des enfants handicapés, sont venus se réfugier dans l’église catholique. La communauté va bien. Comme les premiers chrétiens, les fidèles partagent ce qu’ils réussissent à obtenir et aident tout le monde de toutes les manières possibles. Ils se sont réfugiés dans d’autres écoles catholiques, comme l’école de la Sainte Famille qui se trouve dans un autre quartier et où se trouvent 2.500 réfugiés.
Qu’est-ce que les chrétiens de Gaza demandent au reste du monde ?
Nos fidèles chrétiens et tout le monde demandent de prier, afin que le Seigneur ait pitié, qu’Il ait pitié de tous et qu’Il accorde la paix, afin que cette guerre prenne fin. Ils demandent également de faire connaître la situation, et que chacun – politiciens, diplomates, journalistes, membres des institutions civiles – ait une parole de paix et de réconciliation et agisse sans se laisser abattre par les circonstances. Et la supplique qu’ils adressent au monde entier est qu’il y ait des couloirs humanitaires et la liberté pour tous.
Comment peut-on les aider ?
Par la prière, la diffusion de l’information et par une aide matérielle. Le patriarcat latin de Jérusalem essaie d’ouvrir un couloir officiel d’aide humanitaire, afin de pouvoir aider matériellement bon nombre de personnes en fournissant de l’eau, du carburant pour l’électricité, etc. Avant la guerre, nous n’avions que 4 heures d’électricité par jour et maintenant plus rien. Je vous invite à être généreux et à essayer d’aider autant que possible.
On sait que le pape François vous a contacté à plusieurs reprises. Que vous a-t-il dit au cours de ces conversations ?
Le Saint-Père m’a appelé, ainsi que la communauté paroissiale de Gaza, à plusieurs reprises, pour exprimer sa proximité, ses prières, sa sollicitude, en nous donnant sa bénédiction, en nous demandant de protéger les enfants dont nous avons la charge. Nous remercions le Pape et les millions de personnes de bonne volonté dans le monde qui prient, offrent des sacrifices, des pénitences et travaillent pour la paix et la justice. Que Dieu vous bénisse et que Notre-Dame, Reine de la Paix, vous donne à tous la paix.
Aidez-les pour qu’ils ne soient pas la dernière génération chrétienne en Terre Sainte.
Votre don bénéficiera à ce projet ou à un projet similaire, et permettra le travail pastoral de l’Aide à l’Église en Détresse.